Oiseaux communs Alouette en tête, le déclin des oiseaux des champs se poursuit
Alouette des champs, linotte mélodieuse ou tarier des prés: le déclin des oiseaux des champs - signe de l'appauvrissement de la biodiversité - se poursuit inexorablement en France en raison notamment de l'intensification de l'agriculture, selon le Muséum d'histoire naturelle.
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« Nous ne sommes pas face à une extinction imminente d'une espèce rare, mais face à une dégradation lente et progressive de la qualité de notre environnement », (© Terre-net Média) |
« Nous ne sommes pas face à une extinction imminente d'une espèce rare, mais face à une dégradation lente et progressive de la qualité de notre environnement », ajoute-t-il. Les espèces les plus touchées sont - de loin - celles qui vivent en milieu agricole (-25 %), en raison en particulier des changements profonds des pratiques (utilisation de pesticides, arrachages de haies, augmentation de la taille des parcelles...).
Les espèces emblématiques perdent du terrain
quand les espèces « généralistes » gagnent du terrain
Pour certaines espèces emblématiques, la chute est vertigineuse: sur la période, la France a perdu une alouette des champs sur trois et trois linottes mélodieuses sur quatre. Les autres espèces « spécialistes », que ce soit des milieux forestiers (pic épeiche, pouillot siffleur, roitelet huppé, mésange nonette) ou des milieux bâtis (hirondelle, chardonneret) sont également en recul (respectivement -12 % et -21 %).
Pendant ce temps, les espèces dites « généralistes » (pigeons ramiers, merles noirs, fauvettes à tête noire et mésanges charbonnière), beaucoup plus adaptables à tous les types d'habitat, gagnent du terrain: +20 % en 20 ans ! Or cette uniformisation, constatée à travers l'Europe, rime avec une perte de fonctions, rappellent les experts du Muséum, soulignant par exemple que la diversité des espèces est une barrière à la propagation des virus.
La lecture de l'indicateur régional confirme l'analyse: la Bretagne, où le paysage agricole a été profondément transformé au cours des dernières décennies, apparaît comme un cas d'école : elle enregistre la plus forte baisse du nombre d'oiseaux des champs sur la période 2001-2009.
Lutter contre le déclin des oiseaux communs pourrait se révéler une tâche complexe
Mis en place il y a 20 ans par le Muséum d'histoire naturelle, le programme Stoc fonctionne grâce à quelque 1.200 ornithologues bénévoles qui guettent, à l'oeil et à l'oreille, aux quatre coins de la France, l'apparition des oiseaux au printemps.
A la différence de certaines espèces menacées, comme la cigogne, qui se portent beaucoup mieux grâce une législation spécifique au niveau européen, lutter contre le déclin des oiseaux communs pourrait se révéler une tâche beaucoup plus complexe. « Si on veut avoir plus d'alouettes, il ne s'agit pas simplement de mettre en place des mesures dans un ou deux parcs naturels régionaux... Il faut une action de fond sur l'agriculture », résume Frédéric Jiguet.
Pour la secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Chantal Jouanno, il est indispensable que des indicateurs du type Stoc gagnent en visibilité, après des années de focalisation sur les espèces emblématiques ou rares et « sur la logique de protection des espaces ». « Avec les abeilles et autres pollinisateurs, le recul des oiseaux communs est l'indicateur le plus grave et le plus préoccupant de la perte de la biodiversité +ordinaire+ qui participe à tous les équilibres, y compris les équilibres alimentaires », souligne-t-elle.
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